Les pigeonniers sont un marqueur important de notre histoire. Au XVIIème siècle on estimait leur nombre, sur l’ensemble du territoire français, à 42 000. Quand le droit de colombiers/ pigeonniers fut supprimé par la Révolution l’élevage des pigeons connus en France une très grande vogue. Ceux-ci s’élèvent un peu partout. C’est au XIXème siècle que furent réalisées les dernières constructions de ces pigeonniers utilitaires. Pendant les deux Guerres Mondiales disparurent un grand nombre d’entre eux furent détruit soit sous l’ordre des Allemands, soit par les bombardements. Après la Seconde Guerre Mondiale, le prix des grains et la raréfaction des pigeons entravèrent l’élevage, empêchant ainsi l’élévation de nouveaux pigeonniers.
La taille du pigeonnier était toujours en rapport avec celle du domaine. On compte en moyenne ½ hectares par nid. Le pigeonnier est un exemple de fonctionnalité ou aucun détail n’est gratuit. Pour aider les jeunes pigeons à retrouver leur nid, le pigeonnier doit se trouver dans un endroit élevé et découvert, généralement un peu plus haut que les autres bâtiments. Le plus souvent il siège au milieu de la cour. On le rencontre aussi au-dessus du porche de la ferme où il présente la forme d’un corps de garde donnant à l’entrée un aspect fortifié. Le colombier est implanté sur la façade la plus en vue depuis le principal chemin qui conduit à la ferme.
Le colombier le plus courant dans les fermes soissonnaises est à plan octogonal. Il est couvert par une toiture pyramidale mais il est probable que beaucoup d’entre eux possédaient à l’origine un dôme de pierre. Les colombiers cylindriques sont plus rares dans le Soissonnais que dans d’autre région, comme le Tardenois.
C’est dans une ferme de Mortefontaine qu’est intervenue l’entreprise. Le pigeonnier de cet ensemble de bâtiments était fortement endommagé par le temps. Son propriétaire a donc entrepris une réfection complète de l’édifice comprenant la maisonnerie en pierre de taille, la charpente et la couverture.
C’est évidemment sur cette dernière partie que nous sommes intervenus. Cette réalisation comprenait donc la pose de nouvelles tuiles plates Blache panaché trois colories 15×27 (74 au m²) (rouge flammé, terre de Vérone, terre noir) sur des liteaux en chêne, préalablement changés. Son égout est réalisé en pointes de diamant. Le tout comprenant aussi la réfection de l’épi et d’une lucarne réalisé avec un faîtage en crête-de-coq et des arêtiers en filet de mortier. Les finitions de cette lucarne (terrasses et jouées) furent réalisées en cuivre. Au préalable, des travaux de charpente furent nécessaire et ont étés réalisé par l’entreprise menuiserie Cavillon.
La réfection de la porterie, dont l’état de la toiture était aussi inquiétante que le pigeonnier, a était réalisée dans la continuité de celui-ci. Pour une homogénéité de la réfection les mêmes matériaux y ont été utilisés (tuiles plates Blache). Comme précédemment les arêtiers on était réalisé à l’aide d’un filet de mortier et les joints entre les faîtières sont réalisés par un bourrelet de mortier dit à crête-de-coq.
En espérant que d’autres pigeonniers puissent aussi être sauvegardés et ainsi que notre paysage architectural reste un marqueur de notre histoire et de notre culture.
source historique : L’architecture rurale en Picardie : le Soissonais, Denis Rolland, Edition Créé, 1998
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